Guillaume Richard, patron du groupe Oui Care, services à la personne, raconte comment seul à son bureau, il passe sa vie au téléphone à soutenir et rassurer ses équipes, intervenants et clients… et comment il prépare l'avenir.
"On sortira de cette crise plus performant car encore plus professionnel".
WSIDOM, partenaire web des entreprises de Guadeloupe, Martinique et Guyane, vous partage cet article de LesEchos. Bonne lecture.
« Comme d'habitude, je me rends au bureau depuis le début du confinement . J'habite en effet dans un vieux moulin reculé dans la campagne sarthoise, à
une quinzaine de kilomètres du Mans. Le réseau de télécommunication n'est pas suffisamment stable pour m'assurer des liaisons professionnelles efficaces.
La seule différence, outre le fait que je me fais régulièrement contrôler sur la route pour justifier de mes déplacements, c'est que j'y suis seul.
Et la zone franche urbaine où se trouve le siège du groupe Oui Care au Mans, qui a normalement tout d'une ruche grouillante d'activités, est là complètement
déserte.
Finalement, cela me rappelle les samedis, dimanches et encore les nuits que je passais seul à travailler comme un dingue pour monter ma boîte. Sauf que
là, mes journées se déroulent en permanence au téléphone, en réunions avec les cadres de l'entreprise, en conférences vidéos dans le cadre de notre
fédération professionnelle et de Croissance Plus, mais surtout pour échanger avec le personnel, avec nos intervenants, pour montrer que je suis là
à leurs côtés, pour les rassurer.
Rassurer et protéger
Car, à force d'injonctions contradictoires dans les déclarations des pouvoirs publics, certains de nos clients ont pu paniquer. J'en ai entendu nous accuser
de vouloir les contaminer en envoyant chez eux les intervenants. Et, a contrario, j'ai dû expliquer à des intervenants auprès de personnes âgées dépendantes,
notamment dans le Grand Est, région la plus touchée par le Covid-19, qu'ils ne pouvaient pas se rendre à domicile parce qu'ils se mettraient eux-mêmes
en danger.
C'est dur à vivre de se sentir impuissant, mais il faut laisser les pompiers agir. Ma ligne de conduite, dès le premier jour, a été de dire qu'on ne forcera
personne, ni clients qui peuvent annuler leurs prestations, ni intervenants, ma priorité absolue étant d'assurer la protection, la sécurité et la santé
de nos équipes. L'activité a chuté de façon absolument hallucinante, à 15 % seulement dans le ménage et la garde d'enfants, alors qu'en respectant
scrupuleusement les gestes barrières nous pourrions continuer à intervenir.
Sortir plus fort
Pour les prestations aux personnes âgées et le jardinage, nous sommes encore à 70 %. Constatant cela, j'ai eu une idée jeudi dernier, celle de créer une
plateforme Internet Oui Care for you, un portail d'accès unique des services à la personne pour répondre aux besoins de clients désemparés et d'intervenants
indépendants qui voudraient trouver un travail salarié. J'ai, par ailleurs, multiplié les formations des équipes, du CAP Petite enfance à des Bac +
2 + 4 grâce à notre institut de formation spécialisé à distance. Car je suis convaincu d'une chose : on sortira de cette crise plus performant car
encore plus professionnel.