Avec sa communication culottée, Guillaume Gibault décroche le Graal. Tout le monde a envie d’un Slip Français !
En 2012, année d’élection présidentielle, une affiche parodiait le slogan de François Hollande : "Le changement de slip, c’est maintenant". Guillaume Gibault, fondateur de la marque, s’en délecte encore : "Je n’avais peur de rien, j’ai mis toutes mes économies dans ce lancement. Une marque de slip, c’est très amusant. Slip est un mot magique qui attire tout de suite la sympathie." Mais cela ne suffit pas à faire un business : Le Slip Français coche par ailleurs toutes les cases qu’il faut quand on veut lancer une nouvelle marque de mode. Cet "équipement" (c’est sa définition) petit, léger, facilement déclinable, ne nécessite pas d’essayage et est donc adapté à la vente en ligne.
Un système appréciable quand on confectionne en France, donc plus cher. Aujourd’hui, l’entreprise vend toujours pour 70% sur son site, pour 20% dans ses boutiques dédiées, pour 10% chez les gros acheteurs –Galeries Lafayette, etc. Et, même si la marque a ouvert trois nouvelles boutiques en 2017 et vise cinq ouvertures cette année, la vente en ligne reste prioritaire. Elle permet de faire l’économie des intermédiaires, mais aussi, voire surtout, d’échapper au système des collections qu’il faut montrer aux acheteurs des grandes enseignes dix-huit mois auparavant, de sortir du rythme de la concurrence et de prendre le pouls de la clientèle quasi en direct.
Les marques classiques travaillent un an et demi en amont, Le Slip Français, lui, peut se permettre de n’avoir que cinq mois d’avance. La marque réagit donc plus vite si, par exemple, le marché exige une couleur phare. Cependant, "on n’essaie pas de construire une mode fondée sur des collections, mais d’installer des produits patrimoniaux, quasi intemporels", précise Guillaume Gibault, qui zyeute plus vers Petit Bateau que vers Kenzo. Là encore, cela tombe bien car, au-delà du slogan, en matière de sous-vêtements, le changement n’est pas vraiment maintenant, ce marché étant surtout une consommation d’habitudes. Il se répartit en 50% de boxers, 30% de slips, 10% de caleçons et les 10% restants en strings et autres.